La rencontre avec la ville de Johannesburg est une extraordinaire expérience pour moi. L’atelier de la August House où j’habite et travaille se situe en plein centre de la ville, le CBD, dans le quartier de Doornfontein. Ce quartier est réputé très difficile. Il y est très fortement recommandé de ne pas, pour des blancs ou pour quiconque arborant quelques signes de richesses, y circuler à pieds. Même en voiture ce quartier est évité par les habitants de Joburg. Les taxis et les ubers… s’y rendent à reculons quand on les commandes. D’ailleurs c’est l’unique façon de rentrer ou sortir de chez moi ici : le uber me déposant devant la porte ou m’y récupérant. Dès fois ce trajet en uber n’est que pour quelques centaines de mètres afin d’être déposé dans un quartier (qui se limite à un ou deux patés de maisons) ou une rue sécurisés (safe). C’est ainsi ici, la marche à pieds m’est complètement contrainte voire impossible !
Cette contrainte m’a fait me poser beaucoup de questions sur moi, sur cette ville et ses habitants. J’y vois une contrainte à la rencontre et à l’échange, à la découverte et au partage. Je me dis que ce non possible en engendre beaucoup d’autres. J’ai le sentiment que la frontière blanc-noir est maintenue par cette non possibilité d’accès à un besoin et un droit élémentaire : marcher. Comment construire ensemble quand l’on ne peut pas marcher ensemble !?
Un travail vidéo est en cours sur cette question. Le nom en sera : « We are walkers ». L’idée de ce nom m’est apparue lors de la visite de l’incontournable musée de l’Apartheid. Ce musée est extraordinaire de puissance tant par son contenu que le bâtiment lui-même et la scénographie. On ne peut échapper à une mise en abime de nos vies, à un éveil de questions élémentaires sur l’existence et le savoir vivre ensemble. C’est un lieu bouleversant !
The meeting with the city of Johannesburg is an extraordinary experience for me. The August House studio where I live and work is in the heart of the city, the CBD, in Doornfontein district. This neighborhood is considered very difficult. It is very strongly recommended not to, for whites or for anyone who displays some signs of wealth, to walk there. Even by car this neighborhood is avoided by the inhabitants of Joburg. Taxis and ubers … go backwards when we order them. Besides, it’s the only way to get in or out of my house here : the uber putting me in front of the door or getting me there. Sometimes this trip uber is only a few hundred meters to be deposited in a neighborhood (which is limited to one or two blocks) or a safe street. So here, walking is completely constrained or impossible for me !
This constraint made me ask many questions about me, about this city and its inhabitants. I see it as a constraint to encounter and exchange, to discovery and sharing. I tell myself that this not possible creates many others. I feel that the white-black border is maintained by this non-possibility of access to a basic need and right : to walk. How to build together when we can’t walk together!
Video work is in progress on this issue. The name will be: “We are walkers“. The idea of this name came to me when I visited the unavoidable Apartheid Museum. This museum is extraordinary power both in its content as the building itself and the scenography. We can’t escape from a mise en abime of our lives, to an awakening of basic questions about the existence and knowing how to live together. It’s a upsetting place!